Dans le pilotage et le développement d’une clinique vétérinaire, rejoindre un groupe comporte de nombreux avantages, mais induit aussi certaines responsabilités. Quels périmètres décisionnels et champs d’action conservent les dirigeants de clinique vétérinaire qui s’engagent dans cette voie ? À quelles règles et obligations doivent-ils s’attendre ? Pour quels bénéfices des deux côtés ? Éléments de réponses par Cristina Martinez, Docteur vétérinaire, responsable du développement du réseau vétérinaire Smartemis en France
Quel est le périmètre d’autonomie des dirigeants de cliniques qui rejoignent un groupe comme Smartemis ?
Cristina Martinez : Le modèle Smartemis a été bâti de manière à préserver l’autonomie des vétérinaires entrepreneurs. Être vétérinaire est souvent une vocation et la majorité souhaitent exercer une profession libérale. C’est important pour eux. Aujourd’hui, lorsqu’ils veulent valoriser leur clinique, ils se retrouvent pourtant face à des chaînes qui, certes, leur apportent de la valeur financière, mais qui leur demandent en parallèle de renoncer à une partie de leur autonomie professionnelle. Avec Smartemis, nous voulons prouver qu’un autre modèle est possible, et qu’on n’est pas obligé d’opposer valorisation financière et indépendance !
Pendant une première phase d’accompagnement et de développement des cliniques (qui précède la cession du réseau), nous garantissons aux vétérinaires qu’ils continueront d’opérer en tant que chef d’entreprise dans leur clinique, de façon autonome. Au moment de la valorisation d’une part minoritaire du capital de leur structure, à horizon 2026/27, nous continuerons de préserver cette autonomie.
Le modèle de valorisation que nous avons choisi limitera aussi l’intrusion de l’investisseur dans la gestion financière de leur clientèle. De fait, au lieu de céder le profit de la structure, nous valorisons la clinique sur la base d’un dividende fixé sur le chiffre d’affaires. Cela change tout ! L’actionnaire minoritaire, à travers Smartemis, ne challengera pas les décisions de gestion de la clinique au quotidien, à part la validation annuelle d’un budget prévisionnel avec lui. Ce modèle permettra aussi aux vétérinaires de revendre leurs parts restantes à un confrère, au moment où ils le souhaitent.
Pourquoi est-il important, pour les deux partis, que les vétérinaires restent autonomes ?
C.M : Depuis quelques années il y a une accélération de la consolidation du secteur vétérinaire en France. Dans les modèles proposés aujourd’hui, les vétérinaires sont obligés de choisir entre valorisation et autonomie. Smartemis apporte un modèle différent, qui cesse de mettre ces deux termes en opposition.
Nos fondateurs William Hughson et Gregory Radke ont fait le constat en travaillant pour des groupes qui consolidaient des métiers de santé humaine dans d’autres pays : la valorisation financière était souvent à l’avantage des investisseurs. Ils ont vu ces derniers racheter des cliniques avec une belle valeur, pour les revendre quelques années plus tard au minimum deux ou trois fois leur investissement. Une grande partie de la valeur se trouve ainsi captée, de plus en plus, par les fonds financiers plutôt que par des professionnels de santé. La conséquence : une frustration et une démotivation d’une partie de ces professionnels de santé, libéraux par le passé, qui se retrouvent sans pouvoir de décision, sans engagement dans le développement de la structure, et qui finissent, pour certains, par démissionner de cliniques qui ont été les leurs. Aujourd’hui, il nous semble particulièrement important de proposer un modèle qui permette d’éviter ce phénomène chez les vétérinaires.
Indépendant, GIE, réseau : pourquoi considérer un groupe ?
C.M : Être indépendant offre une autonomie maximale aux vétérinaires, mais demande beaucoup d’énergie pour développer une clinique vétérinaire et la valoriser.
Les GIE ou centrales de référencements ont déjà apporté une certaine réponse, en prenant en charge la négociation pour les vétérinaires des remises sur les produits et médicaments. Certains ont aussi développé une offre croissante de services.
Le groupe, lui, propose un accompagnement intégré, plus complet en termes de services. Il est en appui sur les ressources humaines, la comptabilité, il sécurise la valorisation de la clinique et la transmission du patrimoine professionnel du vétérinaire. L’intégration dans une communauté est renforcée. Cependant, dans le modèle classique de groupe, tout cela est aux dépens de l’autonomie du vétérinaire, de sa liberté dans sa gestion de son entreprise. Pour cette raison, Smartemis a souhaité proposer “une troisième voie”.
Avec Smartemis, sur quels points les vétérinaires doivent-ils faire des compromis ?
C.M : Le compromis essentiel pour les vétérinaires souhaitant rejoindre le réseau Smartemis, est la patience ! La valorisation est différée (à horizon de 2026/27). Ceci nous laisse le temps de bâtir un réseau unique, qui aura une belle valeur, et ainsi d’optimiser la valeur financière pour chacun.
Une fois le réseau cédé, le seul engagement des vétérinaires vis-à-vis de l’investisseur sera de valider chaque année un budget prévisionnel avec lui de manière à confirmer que la structure a la capacité financière de produire un dividende qui rémunèrera l’investisseur (pour rappel, un pourcentage du chiffre d’affaires).
Gouvernance partagée, comment ça marche ?
C.M : Chez Smartemis, 50 % des sièges du comité de direction sont réservés aux vétérinaires exerçant au sein du groupe. Ces derniers participent aux décisions opérationnelles et stratégiques globales. Ils auront aussi la possibilité de participer, le moment venu, au choix de l’investisseur final via la création d’un comité de valorisation qui fera une recommandation au comité de direction.
Plus concrètement, les vétérinaires participent à des choix d’investissements et de développements éventuels, au choix de partenaires externes, à l’évolution de l’offre de services. En faisant appel à l’intelligence collective, Smartemis souhaite que les vétérinaires soient force de proposition pour le développement de nouvelles activités. C’est le sens de la valeur de collaboration que nous avons inscrite dans nos principes fondateurs du réseau Smartemis.
Dans leurs cliniques, les vétérinaires ont le plein pouvoir, rien ne change. Smartemis bénéficiera de droits de vote nécessaires à la protection de son investissement et rien de plus.
Quel est l’engagement de Smartemis pour la profession vétérinaire ?
C.M : Nous respectons, dans la lettre et dans l’esprit, le code rural et le code de déontologie vétérinaire. Nous sommes indépendants de tout fournisseur du marché vétérinaire, et notre modèle préserve l’autonomie des vétérinaires pendant les années de développement et aussi après la valorisation. Ce sont des sujets importants pour nous et nous savons que c’est une préoccupation légitime du Conseil National de l’Ordre des Vétérinaires.
J’ajouterai que le rachat par des groupes, avec des valorisations très importantes des cliniques, met à mal la capacité des jeunes vétérinaires qui auraient envie de s’associer dans quelques années, de le faire. Notre modèle préserve des droits financiers pour les générations futures. Cela permettra non seulement aux vétérinaires associés actuels de revendre leurs parts mais aussi à de jeunes vétérinaires d’avoir accès à des parts à un prix accessible.
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